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En 1850, la commune de Bastelica compte près de 3 000 habitants et l’église Saint-Michel, alors utilisée s’avère trop petite et en très mauvais état. En même temps que la construction d’un nouvel édifice la municipalité souhaite aménager le quartier de Santo qui marque l’entrée et le cœur du village et revoir l’installation des différents services publics : écoles, gendarmerie, justice de paix. Le projet de reconstruction de l’église est ambitieux et de très importants moyens financiers y seront consacrés.

La nouvelle église paroissiale inaugurée le 15 août 1895 constitue ainsi une étape majeure dans la vie de la communauté villageoise du XIXe siècle et l’aménagement de l’espace public de ce qui constitue le centre de Bastelica, qui se poursuivra au cours de la première moitié du XXe siècle, dotant la commune d’un important patrimoine immobilier. Accompagnant l’élan religieux, la construction d’églises est remarquable au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, et plus sous le Second Empire qu’au cours de la Troisième République, notamment dans les nouvelles communautés. 

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Le financement de la nouvelle église mobilise toutes les ressources : celles de la fabrique mais aussi l’aide de la commune, les subventions et même l’emprunt, grâce aux dispositions de la loi du 6 juillet 1860 qui autorise le Crédit Foncier de France à financer les collectivités locales. Quelques communes puisent dans leur patrimoine propre, les biens communaux et en particulier les bois, qui sont une ressource utilisée par certaines d’entres elles comme Bastelica. En juin 1857, le projet établit par Paul Poggi s’élève à 75 953,94 francs et à la fin des travaux, en 1892, il aura atteint un cout total de 118 000 francs.Le 8 novembre 1857, le conseil municipal de Bastelica délibère sur le financement de l’opération et constate l’existence de 16 000 francs de souscription volontaire, prévoit 15 000 francs provenant des taxes de pacage, 6 000 francs estimés pour le prix de récupération des matériaux de démolition de l’église Saint-François et 5 828 francs représentant la valeur du site appartenant à la commune qu’elle propose de céder gratuitement. Ces sommes étant insuffisantes, le conseil municipal envisage de demander un secours à l’État, puis, lors de la séance du conseil municipal du 7 septembre 1862, le maire expose qu’il a été autorisé par le préfet à réaliser un emprunt de 40 000 francs nécessaires pour la construction de la nouvelle église. Les travaux reprennent et devant les difficultés rencontrées, la commune se décide en 1870 à solliciter une subvention à l’État. Le secours intervient dès juillet 1872, par l’annonce de l’octroi d’une aide de 5 000 francs en deux annuités de 2 000 et 3 000 francs. Le 13 août 1888, lors de la séance du conseil municipal, le maire de Bastelica propose de demander la continuation des travaux de reconstruction de l’église paroissiale et de demander de nouveau un secours de l’État. Le maire évoque une délibération du conseil de fabrique […] « tendant à ce qu’il soit pourvu par la commune à la continuation des travaux de reconstruction de l’église paroissiale, lesquels travaux dûment et légalement commencés en 1864 et suspendus à la fin de 1866 par la faute de l’entrepreneur dont l’adjudication fut résiliée en 1867. » Le devis estimatif de Paul Poggi évalue désormais la dépense à 102 000 francs. La commune a déjà dépensé pour les travaux exécutés plus de 34 000 francs et le conseil est d’avis d’affecter à l’achèvement de l’église paroissiale la somme de 5 000 francs à prendre sur le produit des coupes de bois et de recourir au Ministère des Cultes afin d’obtenir l’allocation d’un secours de 35 000 francs. Finalement, la commune recevra une aide de l’État conséquente qui lui permettra d’achever ses travaux. En même temps, on constate que les bois communaux, dont la gestion est confiée aux Eaux et Forets, sont une ressource indispensable à la réalisation des projets.

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Le projet de Paul Poggi pour l’église Saint-Michel de Bastelica, 1868

Paul Poggi (né à Ajaccio le 3 décembre 1821) a été élève de l’École des Arts et Manufactures (plus tard l’École Centrale des Arts et Manufactures de Paris). Il est ingénieur architecte et décide de rentrer à Ajaccio où il fera une longue carrière (il meurt dans sa ville natale le 11 mars 1903). Il travaille aux Ponts et Chaussées de la Corse, service dans lequel il est sous-agent voyer puis agent-voyer. Parallèlement, il est nommé inspecteur des édifices diocésains d’Ajaccio le 12 décembre 1850, et confirmé dans ses fonctions le 16 novembre 1853. C’est dans ce cadre que Paul Poggi est chargé des travaux de construction ou d’entretien de nombreuses églises comme celles de Conca, Renno, Zonza, Olmeto, Cuttoli-Corticchiato, Propriano, Cozzano et Zicavo.

Le dossier du projet élaboré par Paul Poggi en 1857 se compose de vingt-et-une planches. Il présente plusieurs variantes d’implantation et tient compte des projets de la municipalité, dirigée par le maire Folacci, comme l’aménagement d’une place et l’érection d’une statue à la mémoire de Sampiero Corso qui ont été lancés au début des années 1850. Paul Poggi s’occupera de l’église de Bastelica pendant plus de trente-cinq ans et fera les derniers contrôles des travaux exécutés au cours des années 1890.

Les travaux de construction ont connu divers avatars et plusieurs entreprises se sont succédé pour la construction. Le 29 juin 1860, le maire de Bastelica informe le préfet que le projet de reconstruction de l’église n’a pas été engagé car les fonds de la commune ont été et doivent être consacrés à des dépenses de première nécessité comme la route et le pont de Bastelica, l’acquisition du couvent ainsi que sa réparation (pour recevoir la salle de mairie et de justice de paix, deux salles d’école et la caserne de gendarmerie). L’année suivante, l’architecte du département peut dresser l’état des travaux faits par Augustin Tirroloni, entrepreneur à Bastelica. La question de l’emplacement de la nouvelle église étant réglée, le conseil municipal peut s’atteler à l’exécution du projet en 1862. Les travaux commencés en 1865 sont suspendus à la fin de 1866, faute de fonds. Grâce aux recettes de coupes de bois communaux, les travaux reprennent avec l’espoir qu’ils soient achevés avec un secours de l’État. Le dossier établit par Paul Poggi le 16 juin 1868 présente quelques changements pour tenir compte des modifications mineures intervenues au cours des premiers travaux d’exécution. Les années 1870 voient l’exécution d’une partie importante des travaux mais ceux-ci sont arrêtés de nouveau. Le procès-verbal d’adjudication de l’achèvement des travaux de l’église en date du 26 juillet 1890, sur la base du devis et du cahier des charges dressé par Paul Poggi, fait apparaître deux soumissions présentées par des entrepreneurs ajacciens : celle de Louis Panero et celle de Patrice Spinosi. C’est Louis Panero qui est déclaré adjudicataire pour la somme totale de 42 370 francs déduction faite du rabais de 18% et non compris la somme à valoir de 5 160 francs pour imprévu, ni les honoraires de l’architecte. Les travaux sont achevés en 1892 dans la perspective d’une inauguration qui interviendra trois ans plus tard.

L’inauguration solennelle de la nouvelle église de la paroisse de Bastelica intervient le 15 août 1895 soit cinq ans après l’inauguration en grande pompe, le 21 septembre 1890, du monument Sampiero Corso. Le Journal de la Corse en date du 20 août 1895 évoque largement le discours prononcé sur le seuil de l’église par le chanoine Maestratti, curé-doyen de la paroisse de Bastelica, discours que toute la population a écouté religieusement. « Tous, sans distinction, en ont gouté et apprécié le fond et la forme. » « Après l’évangile, il est monté en chaire et fait un sermon analogue en la circonstance. » « Tout le monde en a été touché. Ce jour ne sera jamais oublié par les Bastelicais. » « L’édifice était bondé, et l’ordre le plus parfait a régné. Les étrangers en ont été édifiés. » Discours en annexe.

Les travaux des années 1920-1930, la réalisation du clocher

L’église a été inaugurée en 1895 mais sans son clocher, dont les plans avaient été dressés par Paul Poggi en 1857. Le clocher n’a pas été réalisé faute de moyens financiers car la priorité était alors de terminer l’église et de la mettre enfin à disposition des fidèles. La commune décide sa construction au début des années 1910 et une procédure d’appel d’offre est engagée. C’est Jean Gioli, entrepreneur demeurant à Zigliara, qui est déclaré adjudicataire des travaux par procès-verbal du 5 juillet 1914, approuvé par le préfet de la Corse le 31 juillet. Hélas, le décret du 1er août 1914 instituant l’ordre de mobilisation générale frappe la Corse comme l’ensemble du territoire français et le projet est stoppé net.

Ce n’est que dans le courant des années 1920, après avoir tenté de panser les plaies de la Grande Guerre, avec l’inauguration, le 16 septembre 1923, du monument aux morts situé au quartier Dominicacci, que la municipalité menée par Jean-Augustin Seta, relance le projet. le marché de gré à gré signé le 3 mars 1925 prévoit un délai de livraison de l’édifice à dix-huit mois à compter de la réception de l’ordre de travaux. Le prix est fixé à 64 600 francs. Le devis estimatif du projet, les plans, élévation et coupe ont été établis à la date du 28 décembre 1923, par l’architecte ajaccien Louis Carrayol qui retient pour la conception du clocher le principe du clocher-porche prévu par Paul Poggi mais s’en écarte sur de nombreux points. Le clocher dessiné par Carrayol, tel qu’on le voit aujourd’hui, maintient le principe du clocher-porche mais n’a plus à son sommet les pyramidions et la flèche prévue à l’origine. Il présente un balcon bordé par une rambarde et un petit dôme qui rappelle fortement le clocher de l’ancien convent des Franciscains. Ses ouvertures et motifs décoratifs sont différents de ce qui avait été prévu initialement avec des baies cruciformes et une chambre de cloches plus ouverte. Les travaux du clocher sont terminés en 1927.

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Plans de Poggi 1857, planche XIV,             détails du clocher                      Le clocher en 2014

 

La décoration intérieure et les objets mobiliers de l’église de Bastelica

L’église de Bastelica contient de nombreux éléments décoratifs et Paul Poggi a particulièrement soigné les éléments architecturaux y participant (fenêtres de la nef centrale, pilastres et colonnes, rosace). Le décor peint est à la charge du conseil de fabrique. Des travaux seront réalisés pour l’inauguration de 1895 avec des fleurs de lis au pochoir qui évoquent immanquablement le style du peintre bastiais Paul-Baptiste Profizi (1839-1908). Le décor que l’on peut voir aujourd’hui est réalisé en 1940, à la demande du chanoine Barthélémy Arrighi, curé desservant de la paroisse de Bastelica de 1937 à 1957 et du comité de l’église par un artiste originaire de Bastelica, Dominique Frassati (1896-1947), un des principaux peintres de l’Ecole d’Ajaccio de peinture de la première moitié du XXe siècle.

L’église contient de nombreux objets mobiliers : sculptures, tableaux, orfèvrerie, vêtements liturgiques, dont certains ont été protégés au titre de la législation sur les monuments historiques dans les années 1970 et 1980 puis en 2012, 2016 et 2020. Ces objets proviennent de l’ancien couvent des Franciscains ou ont été achetés par la fabrique ; d’autres ont été donnés par des bienfaiteurs.

Deux objets mobiliers ont été classés monuments historiques par arrêté ministériel : 1 : Saint-Antoine de Padoue et l’Enfant Jésus, statue en bois du XVIIe siècle, classé le 20 février 1978 (provient de l’ancien couvent des Franciscains) ; 2 : Maître-autel, gradins et tabernacle, marbre, XVIIe siècle, classé le 20 février 1978 (provient de l’ancien couvent des Franciscains) ; 3 : Christ en croix en bois polychrome, XIXe siècle, classé le 2 mai 1984.

Onze mobiliers sont inscrits : 1 : Bénitier, marbre, XVIIe siècle, inscrit par arrêté préfectoral le 28 juillet 1982 ; 2 : Le calvaire, toile, XVIIe siècle, inscrit le 28 juillet 1982 ;

3 : Vierge à l’Enfant, Notre-Dame du Rosaire, toile, XVIIe siècle, inscrit le 28 juillet 1982 ;

4 : le Chemin de croix réalisé par la peintre ajaccien Aglaé Meuron (1836 - 1925), inscrit par arrêté préfectoral du 6 février 2012 ; 5 : « Le massacre des habitants d’Hippone », auteur inconnu, toile, fin XVI – début XVIIe siècle, inscrit le 2 février 2016 ; 6 : « La Sainte Trinité », auteur inconnu toile, XVIIIe siècle, inscrit le 2 février 2016 ; 7 : « Sainte Catherine Julienne », appartenant à la commune d’Ajaccio, provenant de la collection du cardinal Fesch, numéro d’inventaire : MFA 852. 1. 301, en dépôt à l’église paroissiale Saint-Michel de Bastelica depuis 1948 ; 8 : Meuble de sacristie, corps inférieur (commode), comptant cinq travées de tiroirs sous battants simples, XVIIe- XVIIIe siècle, corps supérieur (ou buffet), 3ème quart du XXe siècle ; 9 Croix de Jérusalem, bois et nacre, XVIIe siècle ; 10 et 11, pièces d’orfèvrerie : un ciboire, avec un poinçon d’origine étrangère : châtel génois dit "torretta" insculpé sur la coupe et sous le pied et la date portée, 1788 ainsi que deux patènes provenant d’ateliers génois, une portant la date 1740, l’autre, la date 1753.

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A noter également, une remarquable chaire à prêcher et le très beau travail de menuiserie des portes d’entrée et latérale gauche.

Pierre Claude Giansily

Historien de l’art

 

Bibliographie

- Casta, Michel, « La construction d’églises paroissiales en Corse au XIXe siècle », Etudes corses, no 37, 1991, p. 83-103.

- Pomponi, Francis et Usciati,Jean-Jacques, De Bastelica à Bastelicaccia L’homme et l’espace en Corse-du-Sud, éditions Alain Piazzola, 2006.

- Fontana, Rino et Traeber-Fontana, Monique, Colorations extérieures des monuments baroques, état actuel des recherches en Corse et en Europe, cahiers Corsica 228-229-230-231, Bastia, 2007.

- Giansily, Pierre Claude, La peinture à Ajaccio : 1890-1950 : Bassoul, Canavaggio, Frassati, « Association Le lazaret Ollandini », diffusion, Colonna édition, Ajaccio, décembre 2008.

- Giansily, Pierre Claude, « Architectes communaux et départementaux en Corse au XIXe siècle », dans Strade -Recherches et documents. Corse et Méditerranée-  n° 15, juin 2007.

- Giansily, Pierre Claude, « Approche de l’architecture en Corse 1800 – 1970 », Etudes corses, n° 67, décembre 2008.

- Archives départementales de Corse-du-Sud, séries 2 O 031/4, 2 O 031/5 et 2 O 031/8 ; série 4V 17.

 

Extraits du discours prononcé le 15 août 1895 par le chanoine Maestratti, curé-doyen de la paroisse de Bastelica.

« Mes Chers Frères,

« Mgr l’Evêque n’ayant pu, malgré son vif désir, à cause de son grand âge doublé d’une indisposition, nous honorer de sa présence qui eût, sans doute, rehaussé notre fête et imprimé un cachet tout particulier à cette éclatante cérémonie, je sais gré à sa grandeur de m’avoir délégué pour la présider et de nous avoir envoyé sa Sainte bénédiction. » [ … ] « Je sais très heureux de voir mes paroissiens charmés, joyeux, enthousiasmés assister à l’inauguration de leur belle église, si ardemment désirée, si impatiemment attendue, en ce jour inoubliable de son triomphe. [ … ]

«  A qui échappera-t-il que la construction de cet imposant édifice qu’on livre ce matin au culte divin n’a passé par diverses phases -per ignem et aquam- et qu’il n’a traversé bien des crises qu’on croyait insurmontables, Que son enfantement n’a été fort laborieux ? » [ … ]

« Dieu, auteur de tout bien, per quem omnia bona fiunt, nous ayant aidé et le gouvernement de la République, au quel nous envoyons l’hommage de notre dévouement inaltérable, et l’expression de notre profonde gratitude, nous ayant généreusement prêté son concours au moment psychologique, l’œuvre, objet de nos vœux les plus légitimes, de nos préoccupations les plus vives, que nous avons poursuivie incessamment et sans relâche, et à la quelle je me suis résolument attelé, en lui conservant le zèle et l’énergie dont j’étais capable est maintenant achevée et notre beau rêve est  finalement réalisé. […]

« Tout en remerciant les personnes qui ont concouru par leurs offrandes ou leur bonne volonté à la bâtisse et à l’embellissement de ce temple, et en particulier les membres de mon conseil de fabrique (MM. Giordani, Rossi, Casanova, Costa, Scapula et Folacci que Dieu a rappelé à lui les travaux de l’église étant en cours d’exécution) dont je n’ai qu’à me louer il est bien juste que je rende en cette circonstance solennelle, un témoignage public qui est, j’en sui sûr, ratifié par toute cette population, en faveur de l’éminent architecte M. Paul Poggi, auquel est, certes, due toute la reconnaissance de la paroisse de Bastelica, où il a acquis droit de cité, et dont je suis ici l’interprète fidèle. […]

« Elle fait la gloire et fera l’orgueil de cette commune, qui est, sans contredit, la seconde du département en fait d’illustration –ce bronze représentant le grand patriote, le héros de notre indépendance insulaire que nous avons devant nous, le prouve ; la cinquième par le chiffre de la population ; et sans pareille pour le métier des armes (Bastelica a donné le jour à Sampiero Corso ; a une population sédentaire de 3 367 habitants, et compte actuellement plus de 30 officiers dans l’armée). […]

«  Je suis persuadé que ceux qui liront plus tard la genèse, les vicissitudes, les péripéties de ce temple et les maints déboires que nous avons éprouvés pour le mener à bonne fin, diront : A Domino factum est istud et est mirabile in ocutis nostris. […]

« Je le supplie de tenir toujours dans son temple le cœur épanché, les yeux ouverts, les oreilles attentives sur les besoins de ses enfants, sur leurs intérêts les plus chers de religion, de famille, de patrie.

« Puisse cette église firmiter aedificata être toujours le palladium de la paroisse, un phare lumineux et, pour ces habitants un abri tutélaire, un refuge assuré, un asile protecteur. »

« Ainsi soit-il. »


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